"Pour le pèlerin, le pire ennemi qu'il puisse avoir, c'est son sac", me disait un ami prêtre qui a lui aussi marcher sur le camino. Pour avoir une certaine expérience, c'est le moins qu'on puisse dire ! Je viens de boucler le mien : 15 kg tout compris (dont 3 litres d'eau !), je suis assez fier de moi ! Mes quelques années de scoutisme, avec les goums ou autres, m'ont peut être finalement appris à faire avec le minimum... c'est le début du dépouillement ! Affaire de couchage, de toilettes, rechange, petite pharmacie, gamelle et réchaud, quelques livres (Jésus de Nazareth de notre St Père, Bible, bréviaire, cahier de notes) et.... valise chapelle complète (pour célébrer la messe chaque jour, c'est plus prudent !)... voilà je suis prêt ! j'ai hâte ! Mais finalement mon sac est très lourd... il est plein des intentions que beaucoup m'ont confiés tout au long de cette dernière semaine de préparation ! Heureuses ou graves, ces intentions sont déjà, je le sens, un véritable boosteur pour moi... alors rien que pour ça, cela vaut le coup ! Mon sac est mon ami désormais !
Samedi en préparant 10 enfants des Gens du Voyage (dont je suis l'aumônier diocésain ici à Poitiers), j'ai lu un texte de Mgr Dufour sur la marche que je vous confie, il résume bien l'état d'esprit d'un pèlerin que je suis...
"La marche est un luxe sublime. Il lui faut une chose dont notre monde est avare, du temps. La destination n’est qu’un prétexte, car la grande moisson de la marche, c’est ce qui se passe en chemin. Un mystère m’a mis en route, la conviction sourde que s’y dissimulait, sous les dehors peu ragoûtants de la souffrance et du fardeau, une des plus belles expressions de la liberté. La plus simple. Et c'est la première gratification.
La marche est une retraite hors du monde. On a peu de chose quand on marche. La frime et l’artifice, l’inutile et le maquillage, tous les masques tombent. Marcher, c’est renoncer à la course aux chimères, c’est une vulnérabilité volontaire, un délestage, un retour à soi, nu. Le premier enseignement de la marche est celui de ses propres limites, c’est l’épreuve de l’humilité qui conduit à la connaissance de soi. Mais après la fuite du monde, l’exercice physique, la maîtrise de soi, marcher devient vite le plus court chemin pour aller vers l’autre, le plus proche, le prochain. Le marcheur aime ses semblables et le marcheur est aimé car il arrive pur et léger, décapé par la route. (...) la marche pour n'importe quel ciel, quel que soit le chemin, (...) conduit toujours à l'amour des hommes, et c'est la seconde gratification.
La marche est une réflexion. Une façon de consacrer du temps à la recherche de l’essentiel. (...) On ne divague pas quand on marche, on affûte son esprit. (...) Marcher, c’est une écoute du chant mystérieux qui résonne en chacun de nous et qui nous fait aimer et contempler la Création.
Marcher devient vite une quête de sens. Marcher c'est chercher et en cours de route réaliser la profondeur énigmatique de cette parole christique : "Tu ne me chercherais pas si tu ne m'avais déjà trouvé." (...) Et après quelques kilomètres, chacun, à son rythme et avec son bagage essentiel, éprouve l’indicible et secrète jubilation qu’il y a quelque chose plutôt que rien et quelqu’un plutôt que personne. C’est le début d’une vie de foi. Dès lors marcher est un amour de la vie et un amour de Dieu. C'est l'ultime gratification."
Christophe Dufour, les marcheurs de Dieu, Presses de l'Ile de France, p. 4.
on pense à toi très fort en ce jour de départ pour toi.
RépondreSupprimerBon courage, bonne marche. que Dieu te garde...
Bonne marche Monsieur l'Abbé !! Emmenez avec vous vos petits mariés et baptisés !
RépondreSupprimerComptez sur nos prières,
La famille Lorne